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<BODY bgColor=#ffffff>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>The following review essay by Michel Vais on
Establishing Our Boundaries has just been published in cahiers de theatre jeu
94, 1999.4 pp. 136-141 and is posted here with the kind permission of the author
and cahiers de theatre jeu. </FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT size=2>In his concluding paragraph, Michel Vais expresses the hope
that a similar project to analyze the body of Quebec theatre criticism will be
undertaken by Quebec scholars and that, in the meantime, Establishing Our
Boundaries be translated into French.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>Michel Vais</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2><BR>La critique passee au crible</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2><EM>Establishing Our Boundaries.
English-Canadian Theatre Criticism</EM><BR>Ouvrage collectif dirige par Anton
Wagner, University of Toronto Press, Toronto, 1999, 416 p.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>Dix-sept collaborateurs, essentiellement des
universitaires, ont ecrit dix-huit essais (Wagner s'en est reserve deux, plus
l'introduction), portant sur vingt et un critiques du Canada anglais qui ont
ouvre - surtout dans des journaux - de 1829 a 1998 et de Vancouver a Halifax.
Parmi les critiques ainsi passes au crible, certains noms nous sont plus
familiers que d'autres. C'est le cas notamment de Herbert Whittaker, l'actuel
doyen du metier au Canada (et dont la carriere debuta a Montreal), de Ray
Conlogue, journaliste au Globe and Mail de Toronto depuis 1978, mais qui fut le
correspondant culturel de ce journal au Quebec de 1991 a 1998, enfin de Marianne
Ackerman, qui mit fin, apres quatre ans, a une remarquable carriere de critique
a The Gazette de Montreal en 1987, pour se mettre a l'ecriture dramatique et
fonder le Theatre 1774 avec Clare Shapiro (1).</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>En plus de l'introduction d'une cinquantaine de
pages eclairant bien l'intention de depart et la mettant en contexte, l'ouvrage
comporte quatre parties, qui sont autant d'etapes chronologiques: les
critiques-editeurs (directeurs de leur propre journal), les critiques
chroniqueurs, le nationalisme culturel (le chapitre le plus substantiel, avec
neuf articles), enfin la periode post-nationaliste. Quant au titre general de
l'ouvrage, il fait reference aux frontieres geographiques, ideologiques,
politiques ou autres, qui circonscrivent autant l'exercice de la critique que
celui du theatre au Canada anglais. Il en resulte une veritable histoire
culturelle de cette "impossible nation" decriee par Ray Conlogue a la
fin de son sejour au Quebec (2). Plus precisement, Anton Wagner nous rappelle
que l'expression "etablir nos frontieres" fut d'abord appliquee a la
peinture. Elle vient d'un article d'un porte-parole du celebre Groupe des Sept,
Arthur Lismer, qui, en 1925, voulut souligner l'originalite d'un art canadien en
osmose avec son environnement, a une epoque de forte influence
americaine.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>Essentiellement, tout en tracant le parcours
professionnel d'une vingtaine de critiques, on etudie comment, depuis deux
siecles, alors que la colonie britannique se transformait en dominion, puis en
etat independant, le public canadien anglais a reagi a l'avenement d'un theatre
national. Telles que vehiculees par des critiques qui en disent long sur
eux-memes, ces reactions se sont revelees diverses, contradictoires, parfois
etonnantes, mais generalement passionnees et passionnantes.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2><STRONG>L'oeuvre d'une vie</STRONG></FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2><BR>Ce qui surprend d'abord, vu du Quebec, c'est
la longevite de plusieurs des critiques en cause. Ici, hormis Jean Beraud, qui
exerca trente-quatre ans a La Presse, et le pere Georges-Henri d'Auteuil, qui
ecrivit pendant vingt-deux ans dans la revue Relations, la profession semble
plutot largement encombree de journalistes qui s'interessent au theatre de facon
assez passagere. Reste a voir si une etude plus poussee n'infirmerait pas cette
premiere impression (3).</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>Par contraste, au Canada anglais, des la fin du
XIXe siecle, plusieurs exemples nous prouvent que la critique de theatre peut
etre suffisamment prise au serieux pour constituer l'ouvre d'une vie. Ainsi,
Edwin Rodie Parkhurst assura une chronique reguliere sur le theatre de son
temps, chronique qui s'etendit sur quarante-huit ans, dans le Mail d'abord, de
1876 a 1898, puis dans le Globe, de 1898 a 1924. La carriere de son confrere
Hector Willoughby Charlesworth, journaliste a la pige, dura cinquante-cinq ans,
de 1890 a 1945, alors qu'il mourut a l'age de soixante-treize ans, quelques
jours apres avoir publie sa derniere critique dans le Globe and Mail. (Il ne se
sentait pas tres bien en ecrivant cet article, est rentre chez lui pour se
coucher et... ne s'est jamais releve.)</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>Bernard Keeble Sandwell ecrivit au Montreal
Herald de 1900 a 1914, puis au Saturday Night de 1932 a 1951, soit sur plus d'un
demi-siecle (4) ; Herbert Whittaker a publie ses critiques regulierement a The
Gazette pendant douze ans (1937-1949), puis dans le Globe and Mail pendant
vingt-six autres annees (1949-1975) et, en cette annee 2000 ou il deviendra
nonagenaire (le 20 septembre), il ecrit encore a l'occasion; la carriere d'Oscar
Ryan a la Canadian Tribune dura trente-trois ans (1955-1988), enfin celle de
Nathan Cohen prit fin apres vingt-cinq ans (1946-1971, essentiellement au
Toronto Star et a la CBC), alors qu'il mourut subitement, age d'a peine
quarante-sept ans.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>Deuxieme constatation: la grande independance
d'esprit et la liberte d'expression de la majorite de ces intellectuels (qui, a
deux exceptions pres, Gina Mallet et Marianne Ackerman, etaient des hommes).
Deja a l'epoque des "critiques-editeurs" du XIXe siecle, condamnes a
la louange et trop dependants de la publicite et des billets de faveur pour oser
dire du mal d'un spectacle, il s'est trouve un William Lyon Mackenzie, un Joseph
Howe ou un Daniel Morrison pour vouloir "desabuser le public" et
tenter de cultiver son gout. Cette volonte d'agir sur le public sera une
constante par la suite. Medecin des foules ou educateur, le critique apparait
comme un <EM>healer</EM>. Par exemple, il pousse les spectateurs d'un
cafe-theatre a boire moins pour mieux apprecier la piece, a ecouter et a
aiguiser leur sens de l'observation, a se liberer de la vulgarite. Certains
critiques se disent investis d'un devoir de garde-barriere culturel. On parle
meme alors d'une mentalite de garnison. Il est a noter que lorsque le critique
n'etait pas lui-meme le directeur de son journal, son article etait generalement
anonyme. Cette pratique - aussi courante en Angleterre - se poursuivit dans les
petites villes jusque dans les annees 1940.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>Ce role de garde-fou plutot paternaliste, on le
retrouve chez un Herbert Whittaker qui, defendant les "valeurs de la
civilisation", s'en prendra a l'indifference du public dont il estimera
qu'il va parfois au theatre pour les mauvaises raisons.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2><STRONG>L'intervention
nationaliste</STRONG><BR></FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>Mais pour en revenir a la chronologie, apres la
phase du publicitaire ou du pedagogue, on voit le critique se transformer en
mediateur et, plus tard, en juge. Clairement, deux options se dessinent. Le plus
grand nombre de critiques plaide pour le nationalisme culturel, tandis qu'une
minorite jugera plus important de s'ouvrir aux influences etrangeres. Dans le
premier camp, de Joseph Howe (qui parcourt a cheval toute la Nouvelle-Ecosse) a
Jamie Portman dans les annees 1970, en passant par Lawrence Mason, Nathan Cohen
et Herbert Whittaker, on veut developper un sentiment d'appartenance a une
communaute pour contrer l'invasion culturelle americaine. Aussi tard qu'en 1948,
un critique se desole de ce que, sur 300 pieces qu'il a vues depuis deux ans et
demi, seulement quatre etaient d'un auteur canadien. </FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>La reaction s'organise de differentes facons.
Ainsi, Mason devient un des fondateurs du Dominion Drama Festival (1932), qui
apparait comme la premiere "forme de theatre national" du Canada.
Whittaker (qui y siegera plus tard), de son cote, reve d'un grand theatre
canadien, resultant de "la grandeur combinee des anglophones et des
francophones". Il s'agit dans son esprit de reunir l'heritage des plus
grands acteurs des traditions anglaise et francaise: Irving et Sarah Bernhardt.
Cette idee d'un theatre uni et unifiant, il la poursuit notamment par un soutien
a l'entreprise bilingue de l'Ecole nationale de theatre du Canada et par
l'invitation faite, en 1956, a plusieurs comediens quebecois a venir au Festival
de Stratford pour y jouer les rois de France dans les pieces de Shakespeare. A
cet egard, l'influence de Whittaker, que l'on decrit a la fois comme un
nationaliste fervent, un pionnier, un missionnaire et un croise, fut
considerable. On explique parfois son action par un cote "correspondant de
guerre". Car il trouvait inspiration et enthousiasme dans les victoires des
boys au front, qui fortifiaient son nationalisme. Sandwell avant Whittaker,
Marianne Ackerman apres lui, plaident aussi pour un rapprochement entre
francophones et anglophones du Canada pour "jeter des ponts entre les deux
solitudes".</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>Nathan Cohen, s'il ne le traversa pas a cheval,
parcourut cependant tout le Canada pour le Toronto Star, ayant reussi a
convaincre la direction de lui confier un budget de voyage adequat ("a
handsome travel budget", selon ses mots). Ses nombreuses visites dans
toutes les grandes villes canadiennes firent de lui le premier critique de
theatre national de notre histoire.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>D'autres, comme Don Rubin ou Ray Conlogue, se
rangent aussi du cote des nationalistes. Et c'est le Festival de Stratford qui
servira de revelateur. Rubin, au Toronto Star puis a la Canadian Theatre Review,
est choque de constater que Stratford a toujours ete dirige, depuis sa fondation
en 1953, par des artistes d'origine britannique (5). Il s'oppose donc a la
nomination de Robin Phillips et, apres un temps d'hesitation quant a ses
responsabilites comme critique, il reclame la demission de Phillips dans le tout
premier numero de CTR. Selon ses mots, il se decrit alors comme un
critique "activiste" et suggere que Stratford soit desormais
subventionne par le ministere du Tourisme.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>Il rejoint en cela Ray Conlogue pour qui
Stratford, royaume du divertissement, n'est qu'un theatre d'ete grassement
subventionne. Farouche defenseur d'un systeme public de subventions autorisant
le "risque artistique", ce socialiste avoue, conscient de sa
responsabilite sociale, se met plus d'une fois a dos tout le monde des affaires
- pour qui le Globe and Mail est le journal de reference pancanadien. Par
exemple, il demolit l'entreprise lucrative du Phantom of the Opera et il fustige
le conseil d'administration de la Canadian Stage Company qui congedie son
directeur artistique Guy Sprung. Mais il stigmatise aussi un Canada anglais
culturellement colonise, ouvert seulement sur les Etats-Unis, incapable
d'imaginer le monde d'une maniere originale et de "nommer" le pays
comme le font les artistes du Quebec.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>Dans l'autre camp, la figure emblematique
anti-nationaliste est Gina Mallet, qui ecrivit dans le Toronto Star de 1976 a
1984. Celle que Alan Filewood presente comme une "iconoclaste
autoproclamee", elle-meme anglaise de naissance mais passee par New York
(elle travailla un temps au Time), Mallet s'oppose ferocement au nationalisme
culturel qu'elle juge xenophobe. Selon elle, c'est simplement l'expression
d'une "insecurite provinciale". Il faut dire que New York
constitue a ses yeux "l'epicentre de la culture cosmopolite et Broadway,
son expression la plus importante". Son diagnostic sur le theatre canadien,
c'est qu'il est "handicape par les subventions". Aussi, a propos de
Stratford, ne sera-t-on pas surpris de la voir defendre le Britannique John
Dexter, un candidat a la direction artistique nomme par le Festival, mais a qui
le gouvernement canadien refuse un permis de travail. Elle estime alors avec lui
que "tout theatre est international".</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>L'action de ces critiques
"intervenants", qui elargissent le champ d'exercice de la profession,
me rappelle plusieurs discussions organisees depuis dix ans par l'Association
internationale des critiques de theatre, en particulier celles du colloque sur
les relations entre "critiques et decideurs culturels", qui a eu lieu
a Taormina (Italie) en avril 1998 et qui a mis en presence de nombreux
journalistes d'Europe et d'Amerique, ainsi que des directeurs de festivals et
des responsables gouvernementaux (6). C'est donc une preoccupation qui ne
connait pas de frontieres nationales.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2><STRONG>Le metier</STRONG></FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2><BR>Au-dela, ou en deca, du role social et
politique du criticus canadiensis, l'ouvrage dirige par Anton Wagner decrit
l'exercice de son metier. A cet egard, la distance que le critique entretient
avec les artistes varie beaucoup. Par simple solidarite culturelle, certains
etaient d'avis, a l'epoque de la "mentalite de garnison", que la
critique pure et dure etait acceptable si elle etait le fait de l'adjudicateur
(7) d'un festival mais que, dans les journaux, il fallait avant tout encourager
les productions locales, malgre leur amateurisme, plutot que les spectacles
etrangers professionnels. Beaucoup plus tard, Herbert Whittaker disait toujours
preferer encourager les artistes meritoires plutot que de fouetter les autres.
Il recourait d'ailleurs a une ecriture "codee", assure que ses
lecteurs fideles sauraient le lire entre les lignes. Praticien du theatre actif
en meme temps que critique, aussi bien a Montreal qu'a Toronto, Whittaker est
reste "plus proche de la scene que de la salle". Il lui est meme
arrive de publier des critiques sur des pieces dont il avait signe les decors ou
la mise en scene, en s'abstenant pudiquement de qualifier son propre travail,
mais sans se gener pour estimer que le spectacle etait fort reussi et que meme
l'adjudicateur l'avait souligne!</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>A l'autre extreme, on trouve Nathan Cohen,
l'homme du recul par excellence, exigeant, provocant, engage, posant les
questions qu'il estimait fondamentales sans se preoccuper des consequences,
condamnant sans appel tout ce qu'il estimait frivole ou faux, mais multipliant
les recommandations aux compagnies et interrogeant dans la foulee leurs
politiques theatrales. Selon Don Rubin - citant la distinction faite par le
critique anglais Kenneth Tynan entre un bon critique et un grand critique -,
Cohen s'interessait autant a ce qui se passait dans le theatre de son temps qu'a
ce qui ne s'y passait pas. Constamment honnete et curieux (on note qu'en 1960,
il est alle voir quatre representations d'une compagnie chinoise de passage a
Toronto, y consacrant trois critiques), Cohen fut considere par plusieurs comme
un des meilleurs critiques au monde et, en tout cas, comme le premier vrai
critique canadien. Ses articles arrivaient toujours comme "une tonne de
briques". Impressionnes par celui qui donna son nom au Nathan Cohen Award
decerne par l'Association canadienne des critiques de theatre, des confreres
comme Jamie Portman et Brian Brennan ont ete longtemps reticents a endosser le
titre de critiques, preferant celui de journalistes.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>Mais Cohen ne fut pas le seul ni le premier de
son genre. B. K. Sandwell, le plus influent avant lui - en 1910, il comptait 100
000 lecteurs, de Brockville a Quebec -, affirmait deja ne pas vouloir mesurer un
succes a la reponse du public. Ennemi declare de la censure, ouvertement
subjectif mais s'appuyant sur une esthetique claire et une grande erudition, il
estimait plus utile de preceder que de suivre le gout du public, notant par
exemple qu'un spectacle etait mauvais, mais que huit spectateurs avaient
applaudi.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>Meme si Ray Conlogue a, comme Whittaker, connu
une certaine pratique du theatre alors meme qu'il etait critique - il ne se
considere ni a l'interieur ni a l'exterieur du milieu theatral mais tout pres de
celui-ci: <EM>alongside</EM> -, il est repute pour la severite de ses papiers.
En 1990, avec son confrre Robert Crew du Toronto Star, il a ete epingle comme
une des deux <EM>weird sisters </EM>de la critique torontoise. Le directeur
artistique du Festival de Stratford, David William, a meme qualifie de
pathologique le cas de Conlogue, recommandant a ce dernier d'aller chercher de
l'aide (psychologique, s'entend).</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>Enfin, le livre dirige par Anton Wagner explore
d'autres aspects du travail du critique qui meriteraient plus qu'une simple
mention: les positions des uns et des autres a l'egard des courants marginaux
(feminisme, theatre gai et lesbien, rituel ou postmoderne), le rapport avec la
reflexion theorique et l'enseignement. Notons a cet egard que Don Rubin fut un
des rares critiques actifs a enseigner cet art, et que Wagner et trois autres
collaborateurs de l'ouvrage ont ete ses eleves.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>C'est donc sur toute une tradition riche et
meconnue que l'ouvrage dirige par Anton Wagner leve le voile. A travers elle, on
comprend mieux les enjeux fondamentaux, non seulement du theatre
canadien-anglais, mais aussi de toute une culture qui nous est proche. Soutenu
par une recherche titanesque sur un corpus eparpille dans des milliers et des
milliers d'articles, Establishing Our Boundaries est propre a donner une
credibilite a un metier periodiquement bien malmene. En terminant la lecture de
cet ouvrage stimulant, je ne puis que souhaiter pour le Quebec une etude
semblable: qu'une cohorte de chercheurs dans un de nos departements d'etudes
theatrales ou de litterature se penche sur le corpus de la critique theatrale
quebecoise et qu'en attendant, l'ouvrage dirige par Anton Wagner fasse l'objet
d'une traduction francaise.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>1. Apres des etudes en sciences politiques,
cette Ontarienne de naissance, attiree a Montreal par la vigueur de la culture
francophone, y est restee pour relever le defi d'y promouvoir la culture
anglophone.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2><BR>2. Ray Conlogue, Impossible Nation : The
Longing for Homeland in Canada and Quebec, Mercury, Stratford,
1996.<BR></FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>3. Hormis le numero 40 de Jeu (1986.3),
entierement consacre a "La critique theatrale dans tous ses etats",
seuls quelques articles traitent du sujet, dont le plus important est celui de
Jean-Marc Larrue, "Theatre criticism in Quebec 1945-1985", dans
Contemporary Canadian Theatre: New World Visions, dirige par Anton Wagner, Simon
& Pierre, Toronto, 1985. L'article de Larrue se trouve aux pages 327 a 337.
Mentionnons aussi "L'Association quebecoise des critiques de theatre"
par Michel Vais, dans Canadian Theatre Review, no 57, hiver
1988.<BR></FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>4. Cet homme singulier qui, apres 51 ans de
critique, ecrivit avoir vecu "la vie la plus heureuse qu'un homme peut
vivre", a fait l'objet d'un premier article, "Le critique B. K.
Sandwell du Montreal Herald durant la Belle Epoque, 1900-1914" par Anton
Wagner, dans l'Annuaire theatral, no 13-14, printemps-automne 1993, p.
95-110.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2><BR>5. En fait, jusqu'a aujourd'hui, les deux
seules personnes ayant dirige Stratford sans avoir un passeport anglais sont
d'origine quebecoise francophone. Il s'agit de Jean Gascon et de Richard
Monette, qui en est l'actuel directeur artistique.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2><BR>6. Je cite plusieurs autres exemples
d'interventions de critiques dans differents pays dans l'article "Seoul ou
est-ce? C'est ou l'horizon critique s'elargit", Jeu 85, 1997.4, p.
149-157.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2><BR>7. Il s'agit de la personne, praticien
chevronne ou critique, appelee a evaluer a haute voix devant le public chaque
spectacle, lors d'un festival competitif.</FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2>9<BR></FONT></DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2></FONT> </DIV>
<DIV><FONT color=#000000 size=2><BR></FONT> </DIV></BODY></HTML>