Of Culture, Cultural Ministers and Ministeries, and Money

Denis Salter denis.salter at MCGILL.CA
Fri Jan 2 13:10:47 EST 2009


Dear Colleagues,



Perhaps Canada should participate in the upcoming colloque international by appointing and sending our first (at the national level) Minister of Culture.



(I jest.)



All best for the New Year!



Denis.





 

Point de vue Bernard Faivre d'Arcier

 

"Oui, M. Aillagon, la France a besoin d'un ministère de la culture !"

 

 

 

LE MONDE | 02.01.09 

 

Cette année sera l'occasion de célébrer le 50e anniversaire de la création du ministère de la culture. Ce devrait être l'occasion pour Christine Albanel, qui porte actuellement cette responsabilité, de réaffirmer le rôle de cette administration que beaucoup de pays nous ont enviée, notamment lorsque Jack Lang obtenait du chef de l'Etat lui-même les moyens de le faire agir. Or, c'est à l'aube de cette année que Jean-Jacques Aillagon, président du château de Versailles, qui fut ministre il y a quatre ans à peine, s'interroge sur l'utilité de son existence. Son interview publiée dans Le Monde du 30 décembre fait rétrospectivement froid dans le dos. On y décèle une grande confusion dans son appréciation de cette administration. S'il lui fallait disparaître, que n'eût-elle disparu dès 2002, avant que M. Aillagon ne devienne ministre : cela aurait peut-être permis d'éviter l'annulation de tous les festivals de l'été 2003 !

 

 

La première contradiction est de confondre son action personnelle à la tête de cette administration et l'utilité même du ministère. M. Aillagon estime que "le ministre a beaucoup de mal à prendre ses distances par rapport aux populations qu'il administre". Cette réflexion ne s'appliquerait-elle pas tout autant au ministre des affaires étrangères vis-à-vis des diplomates, au ministre de l'éducation vis-à-vis des enseignants, à celui de l'agriculture vis-à-vis des agriculteurs ? "Tout ministre veut être accepté par la famille culturelle", ajoute-t-il. C'est bien là où le bât blesse. La meilleure façon d'être à la hauteur dans ce poste est de savoir négocier un budget convenable. Assurément, la fréquentation des vernissages, l'assistance aux premières de spectacles, les remises de décorations, les interviews complaisantes ne font pas une politique culturelle. Jean-Jacques Aillagon a beaucoup pratiqué cette manière de faire, pensant que c'était cela qui faisait la popularité de Jack Lang, mais ce dernier, lui, connaissait ses dossiers, se sentait soutenu par le président de la République et s'était entouré de collaborateurs qui partageaient le même souci du service public.

 

Il n'est donc pas nécessaire, pour être ministre, de communiquer à tout-va, d'hypertrophier ses discours. Il suffit de croire dans le rôle de la collectivité publique et au développement culturel des communautés qui composent notre pays.

 

Bien sûr, l'action du ministère mérite d'être périodiquement révisée. Mais peut-être pas sur les seuls critères utilisés par la révision générale des politiques publiques. Certes, les collectivités locales sont devenues les acteurs centraux de la vie culturelle. Mais n'est-ce point aussi le résultat d'une action volontariste née de la foi ou de l'utopie d'André Malraux lui-même ?

 

Jean-Jacques Aillagon ne sait plus situer l'action de l'Etat dans le champ du soutien public à la culture. Il affirme tout à trac que l'action de l'Etat devrait être plus discrète et que le rôle de l'administration centrale devrait être plus stratégique, qu'il faut laisser les opérateurs travailler. Mais, dans le même temps, il réclame par exemple que le répertoire du théâtre français soit davantage joué sur le territoire. Il considère que la réalité locale n'est pas prise en compte et qu'il faut revenir sur la déconcentration alors que les directions régionales sont précisément les lieux les plus riches en dialogue avec les collectivités territoriales.

 

Il est facile de déclarer que le ministère de la culture laisse assurer par les communes le coût de l'activité culturelle, dès lors que les moyens du ministère diminuent peu à peu. Si le ministère de la culture génère bien des frustrations, c'est parce que, n'ayant pas même atteint 1 % du budget de l'Etat, il est devenu de moins en moins capable de répondre aux attentes d'une population de plus en plus demandeuse d'activités culturelles.



J'ai choisi à ma sortie de l'ENA, en 1972, le ministère de la culture plutôt que le ministère des finances, précisément parce que cette jeune administration avait l'ambition d'une démocratisation culturelle qui, contrairement à ce que la droite veut faire croire, a été une oeuvre accomplie si j'en juge par le nombre de théâtres, de musées, d'écoles d'art, de festivals, de bibliothèques qui ont peuplé ce territoire. Un territoire qui était un véritable désert au temps de la IVe République vers laquelle Jean-Jacques Aillagon souhaiterait revenir. Il imagine des actions culturelles sans ministère, "le système d'avant 1959".

 

Voilà une grande naïveté coupable ou un grand cynisme, en tout cas le meilleur moyen d'en finir avec l'action de l'Etat dans ce domaine. On peut présumer que ce sera le cadet des soucis des autres départements ministériels et que ce n'est pas ainsi que l'éducation artistique se développera à l'école ou encore que l'action culturelle de la France à l'étranger sera défendue : la preuve en est que des réductions drastiques de 30 % en moyenne sont annoncées par le ministère des affaires étrangères dans le réseau des instituts et centres culturels français placés sous sa responsabilité.

 

L'action du ministère de la culture mérite un meilleur examen. Le comité d'histoire de ce ministère prépare d'ailleurs un colloque international qui sera l'occasion de prouver à quel point cette administration a pu être utile et peut toujours l'être à condition de lui en donner les moyens. Et ce souffle qu'on appelle service public. 


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Bernard Faivre d'Arcier est l'ex-directeur du Festival d'Avignon et membre du comité d'histoire du ministère de la culture. 


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"In my work, there are only my expectations and I can't let anybody in, even though I am writing for you, hoping that you come in and help me with this book. That's the only way I can do it. It's the liberation for me, it's the freest place I know. You know, the freedom of the mind." Toni Morrison. 
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"Our devices for mincing human flesh are part of an international machinery. The whole society is militarized, the state of exception is made permanent, and the repressive apparatus is endowed with hegemony by the turn of a screw in the centers of the imperial system." Eduardo Galeano
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Denis Salter
McGill University
853 Sherbrooke St. West
Montreal
H3A 2T6



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